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L'endométriose : les connaissances médicales de base

Définition : L’endométriose est une maladie chronique due à la migration de cellules de l’endomètre(muqueuse utérine) dans des organes de proximité ou à distance où elles prolifèrent. Elles créent ainsi des ilots pseudo tumoraux qui se comportent comme de la muqueuse utérine en fonction des cycles menstruels.
La localisation des ilots est très variable : trompes, péritoine, intestin, vessie, voire même plus loin puisqu’on peut voir des localisations pulmonaires.

Symptômes de la maladie

Ils découlent directement de la localisation des ilots de muqueuse « greffée ». Il y a donc presque autant de symptomatologies que de patientes et c’est d’ailleurs ce qui rend le diagnostic si difficile et si tardif parfois (cinq ans et plus). On peut les ramener à trois groupes : les saignements, les douleurs, l’infertilité. En sachant qu’il existe des formes asymptomatiques ou se résumant à peu de signes et d’autre part qu’il n’existe aucune correspondance anatomo clinique ce qui signifie que l’importance des symptômes ne témoigne en aucune façon de la gravité de la maladie et inversement. On considère que l’endométriose touche à peu près 10% des femmes.
a) Les saignements peuvent se manifester par l’existence de règles très douloureuses et abondantes mais aussi parfois par un syndrome abdominal aigu en cas de saignement intra péritonéal. On peut avoir des signes urinaires ou digestifs.

  1. b) La douleur est le maître symptôme. Elle est d’une grande variabilité dans sa localisation, souvent pelvienne mais pas seulement : Dyspareunie (rapports sexuels douloureux) douleurs digestives, positionnelles accompagnées parfois de petites pertes de connaissance, de vomissements.
    La douleur peut être invalidante, handicapante, jusqu’à empêcher le déroulement normal d’une vie professionnelle, familiale et conjugale.
    La périodicité correspondant à la période des règles est l’élément essentiel qui doit attirer l’attention et faire évoquer le diagnostic.
  2. c) La stérilité est le troisième pilier du diagnostic et il n’est pas rare que le diagnostic d’endométriose soit posé à l’occasion d’un bilan de fertilité.
    Qu’il s’agisse d’adhérences tubaires ou péritonéales, ou bien de kystes ovariens engendrés par la maladie, beaucoup de questions restent aujourd’hui sans réponse quant aux causes de l’endométriose comme à celles de la stérilité.

Les traitements

Qui sont à la disposition du gynécologue dépendent du moment auquel le diagnostic est posé, de l’objectif recherché et du désir d’enfant. La panoplie thérapeutique est constituée :

  1. Des antalgiques et AINS (anti inflammatoires non stéroïdiens) Leur objectif est de calmer les douleurs et de redonner la capacité à vivre sensiblement normalement. Cependant les douleurs sont parfois si intenses que l’on est contraints de recourir aux morphiniques avec le train de leurs propres inconvénients notamment sur la vigilance et les risques d’assuétude.
    Ces traitements sont purement symptomatiques et n’ont aucun effet sur la maladie elle-même.
  2. Les traitements hormonaux sont de trois types :
  • La mise sous pilule anticonceptionnelle de façon continue, donc sans respecter la semaine de pause. Ceci conduit à une aménorrhée (disparition des règles) à une atrophie progressive de l’endomètre dans la cavité utérine mais aussi au niveau des ilots de muqueuse ectopique.
  • La pose d’un DIU (Dispositif intra utérin = stérilet), imprégné d’hormones agira selon les mêmes principes.
  • La hormones provocant une ménopause artificielle par voie injectable ont pour inconvénient le train des symptômes de la ménopause : bouffées de chaleur, irritabilité, effets sur la libido, diminution de la densité osseuse etc..
    Le temps est habituellement limité à un an avec la plupart du temps une reprise progressive sur six à douze mois des signes de la maladie.

Outre le fait que ces traitements ne guérissent pas l’endométriose mais qu’ils en suspendent les symptômes, ils ont les inconvénients des traitements hormonaux à long terme : effets sur la prise de poids, troubles dermatologiques, céphalées.

  1. Les traitements chirurgicaux sont souvent efficaces mais hélas pas toujours car rappelons le, l’endométriose est une maladie chronique et récidivante !
    On peut envisager la chirurgie d’exérèse des ilots endométriosiques notamment si c’est réalisable par coelioscopie, ce qui, en fonction des localisations n’est pas toujours le cas. Certaines d’entre elles peuvent conduire à une chirurgie lourde et complexe.
    Dans certains cas l’hystérectomie simple a pu être proposée mais elle n’est pas d’une efficacité absolue loin s’en faut.

On conçoit donc que le traitement ne peut pas être une décision unilatérale du gynécologue mais doit être prise après une information précise de la patiente chaque traitement ayant ses avantages et ses inconvénients.

Plus délicat encore est le traitement de l’infertilité dans le cadre d’une endométriose. Il faut alors réaliser un bilan de stérilité qui s’accompagne obligatoirement d’une coelioscopie, pour connaître l’ampleur des localisations et les réséquer si possible.
Dans un délai de 6 à 12 mois il sera alors possible d’envisager des stimulations ovariennes, FIV etc…

L’endométriose est une maladie chronique, récidivante et invalidante qui n’a pas encore livré tous ses secrets et qui reste encore de diagnostic tardif. Il faut l’évoquer dans tous les bilans de stérilité.

Article publié par l'association de lutte contre l'infertilité "Les Cigognes de l'Espoir" Tous droits réservés

le Dr Latouche est le directeur général de Management Medical International

  

Photo by euthman on Foter.com / CC BY