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Interview du Pr. Michael Grynberg, gynécologue obstétrique

Bonjour Pr. Grynberg. Parlez-nous de votre parcours scolaire et professionnel.


Ayant fait des études de médecine, je me suis spécialisé en gynécologie obstétrique et enfin en médecine de la reproduction. Après avoir passé les concours pour être professeur des Universités, je suis allé vivre aux Etats-Unis pour y travailler un peu. Par ailleurs, j’ai eu l’occasion de travailler pendant plusieurs années avec le Professeur Frydman.
Actuellement, je suis professeur et chef de service à la fois à l’hôpital Antoine Béclère à Clamart et à l’hôpital Jean Verdier à Bondy.


Dans le cadre de problèmes d’infertilité, quelle est la place du gynécologue ?


Le gynécologue est le plus souvent la première personne consultée. Il effectue les premiers examens et peut ensuite soit initier le traitement, soit adresser vers des centres d’Assistance Médicale à la Procréation (AMP). Pour ma part, je m’occupe aussi bien des femmes que des hommes infertiles.
Si l’on veut procréer, il existe de nombreuses solutions alternatives en cas d’infertilité.

Pouvez-vous nous citer celles qui vous viennent à l’esprit ?


La PMA (Procréation Médicalement Assistée) permet actuellement d’aider les couples hétérosexuels infertiles avec leurs propres gamètes ou parfois avec un tiers donneur. Dans les techniques de PMA, on distingue :


• L’insémination intra-utérine qui consiste, après une stimulation ovarienne modérée de la patiente, à replacer au fond de l’utérus des spermatozoïdes sélectionnés. La fécondation se fait ainsi naturellement dans les trompes.


• La FIV (fécondation in vitro) qui consiste en une stimulation ovarienne forte pour que la femme produise un maximum d’ovules. Ces derniers sont prélevés au bloc opératoire et mis à féconder au laboratoire avec les spermatozoïdes. Les embryons obtenus sont cultivés dans des milieux adaptés, et replacés 2 à 5 jours plus tard dans l’utérus de la femme.


La chirurgie joue également une place importante dans le traitement des infertilités. On peut ainsi traiter des obstructions des trompes, des anomalies de la cavité utérine ou même de l’endométriose. La chirurgie a pour objectif d’améliorer les chances de conception naturelle ou médicalement assistée. Pour les hommes, on peut être amené, en l’absence de spermatozoïdes dans l’éjaculat, à réaliser des prélèvements chirurgicaux afin de tenter d’en récupérer directement dans les testicules.


Que pensez-vous des alternatives telles que la naturopathie, les compléments alimentaires, la sophrologie ou encore l’art thérapie ?


Je n’ai rien contre les méthodes naturelles, mais leur efficacité est difficile à démontrer. Cependant, certains couples sont très demandeurs. Il ne faut pas les dissuader mais leur expliquer que toutes ces méthodes sont des compléments à l’AMP.
Les compléments alimentaires sont de plus en plus prescrits pour « améliorer » la fertilité tant féminine que masculine. De la même manière, les niveaux de preuve de l’efficacité de ces traitements demeurent faibles.

Qu’est-ce qui peut donc être proposé en termes de médication chez le gynécologue ?


Quelle que soit la technique de PMA proposée, la base restera toujours la stimulation ovarienne qui consistera pour la femme en des injections hormonales quotidiennes pendant environ 12-15 jours.


Comment diagnostique-t-on l’infertilité ?


On ne diagnostique pas réellement l’infertilité car il n’y a pas réellement de marqueurs de la fertilité. Des bilans d’infertilité visent à tester, pour la femme, la fonction ovarienne, tubaire (trompes) ou utérine. Ainsi seront réalisés une échographie ovarienne, des dosages hormonaux (hormone antimüllérienne), et une radiologie des trompes. Les dosages hormonaux vont mesurer le fonctionnement des ovaires et comment la femme est susceptible de répondre aux hormones qu’on lui administrerait. Ils ne donnent pas d’informations qualitatives sur les ovocytes.

Un point important est que, contrairement à de nombreuses croyances, la pilule ne modifie pas la fertilité des femmes après l’arrêt et ne fait pas « vieillir » les ovaires plus rapidement.
Quant au bilan masculin, il repose principalement sur une analyse de sperme.


Auriez-vous des chiffres à me donner sur les causes de l’infertilité ?


30% des causes sont féminines et sont globalement dues à des problèmes d’ovulation, de trompes, et de plus en plus de problèmes de vieillissement ovarien. 30% des causes sont masculines et sont majoritairement dues à une dégradation des paramètres (concentration en spermatozoïdes, mobilité, etc.) du sperme. 30% des causes sont mixtes, et 10% sont inexpliquées.

Article publié par l'association de lutte contre l'infertilité "Les Cigognes de l'Espoir" Tous droits réservés