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Interview de Lidia Stankiewicz : hypnotherapeute

Bonjour  Madame Stankiewicz   :  Quel a été votre parcours scolaire ?

J’ai entamé des études de psychologie en Pologne. Par la suite, en 1993, je suis venue à Paris. Malheureusement, à l’époque (au lendemain de la chute du mur de Berlin) je n’ai pas été autorisée à étudier la psychologie dans une université française sans que j’en comprenne la raison puisqu’on m’a autorisée à étudier les Lettres Modernes. J'ai donc obtenu une licence de Lettres Modernes et ai intégré une école de journalisme. J’ai été journaliste à la télévision et dans la presse écrite pendant 4 ans. J’ai également exercé en tant que professeur de Français dans un lycée hors contrat. J’ai un parcours très atypique. J’ai changé de pays au moment où il a fallu prendre des décisions d’orientation professionnelle, à 20 ans. J’ai du apprendre la langue, me reconstruire, renaitre et bâtir une autre identité en France. Mes expériences personnelles m’ont servi dans mon parcours professionnel. Je suis passionnée par la psychologie et les pouvoirs du cerveau et du corps humain. Cependant, devenir psychologue n’a jamais été un but en soi. Lorsque j’ai décidé de travailler dans le domaine d’aide, mon but était d’aborder l’être humain de manière globale. Pour ce faire, j’ai d’abord rejoint une école de sophrologie et une école de thérapie brève où j’ai étudié l’hypnose, la programmation neuro linguistique, la thérapie systémique. Ensuite, je n’ai pas cessé de me former dans de nombreuses techniques psycho-corporelles. Aujourd’hui je suis psycho-praticienne et j’exerce à mon cabinet parisien. Je reçois les adultes et les enfants. Depuis quelques années, je me suis spécialisée dans l’accompagnement de la fertilité. Là encore, une longue expérience personnelle de PMA de 5 ans a été un point de départ.

En quoi consiste votre métier ?


C‘est un accompagnement psycho-corporel. Une thérapie brève qui comprend une prise en charge du mental, de l’état émotionnel et des réactions du corps à une situation. Dans le parcours de l’infertilité, on peut être confronté à des difficultés d’ordre différent : le désir d’enfant, les choix du partenaire, la vision de la famille, la sexualité, la procréation médicalement assistée, les deuils des enfants disparus, celui de l’absence de gamètes et bien d’autres encore. Souvent, c’est tout une remise en question de son histoire qui s’impose. C’est donc un accompagnement de la personne dans toute sa globalité afin qu’elle vive ces expériences de la manière la plus juste pour elle et qu’elle fasse les meilleurs choix.

Comment se fait le suivi ?

Pouvez-vous me donner un exemple de séance 1 type et de séances suivantes types ?
La première séance dure un peu plus d’une heure, dont au moins 30 minutes d’échange. Pour orienter le travail de thérapie, j’ai besoin de connaître la personne. Il est primordial pour moi de connaitre les grandes lignes du passé familial des deux lignées: paternelle et maternelle. Je considère qu’il n y a pas d’infertilité hasardeuse. Qu’elles soient liées à l’histoire personnelle ou à celles des membres de la famille, les expériences du passé programment, en quelque sorte nos capacités à mettre au monde et élever un enfant. La nature des relations que nous « entretenons » avec ce passé présage de la manière dont nous nous représentons la famille, la maternité, la paternité, la parentalité. Cette représentation a une grande influence sur notre fertilité. C’est pourquoi, cette première séance est importante. En général, c‘est à ce moment là que mon client et moi évaluons ensemble ses besoins. J’utilise toutes les techniques que j’ai mentionnées. Mais dans l’accompagnement de la fertilité que je pratique, la transe hypnotique n’est pas toujours bienvenue dès la première rencontre. Souvent, la charge émotionnelle et le besoin de se confier est tel qu’une hypnose pratiquée trop rapidement aurait un effet contraire à ce que la personne recherche. Les séances suivantes commencent toujours par quelques minutes d’échanges suivies d’un travail avec l’inconscient. J’aime connaître les étapes du parcours vers l’enfant de mes clients. De ce fait, parfois je demande à être tenue au courant des étapes de la FIV par exemple si nous n’avons pas de séance programmée à ce moment là. Cela me permet de mieux comprendre la difficulté à traiter lorsqu’on se voit. Pour moi, il s’agit d’un véritable d’accompagnement à la procréation. Les démarches pour avoir un enfant par PMA sont des montagnes russes : femmes et hommes passent beaucoup d’examens, prennent des traitements hormonaux forts. Parfois, la personne peut -être amenée à appeler ou prendre rendez-vous entre deux déjà programmés. C’est souvent le cas lorsqu’il y a un énième résultat négatif. Il faut, à ce moment là, rechercher du positif afin qu’il lui soit possible de continuer tout simplement.

Pourquoi l'hypnose ne fontionne pas sur tout le monde ? 

Pouvez-vous nous donner un chiffre, si vous l'avez, représentant à peu près pour combien de personnes qui viennent chez vous cela fonctionne ?


L’hypnose est un état naturel. C’est un état de conscience modifié que nous vivons tous les jours sans le savoir. Utilisé en thérapie, elle est censée induire des changement dans l’état interne de chaque personne. Pour répondre à la question, cela dépend de ce qu’on entend par « cela ne marche pas ». Si la demande est: « je veux devenir fertile », cela peut, en effet ne pas marcher. Comme toutes les techniques, ce n’est pas miraculeux! Et personne n’a le don de vous rendre la fertilité. Quoi que…J’ai eu dernièrement une personne chez qui on a diagnostiquée une infertilité inexpliquée et lorsqu’elle a pris conscience, grâce à l’hypnose, qu’elle s’interdisait de tomber enceinte, elle… est tombée enceinte! Plus sérieusement, si la motivation est réelle et qu’il n y a aucun changement dans le comportement, pensée, ressenti, c’est qu’il y a un problème dans la prise en charge de la part du thérapeute. 8 personnes sur 10 réalisent leur souhait.
Pouvez-vous me parler en détail du lien entre hypnose et problème de fertilité et de comment vous pouvez agir face aux problèmes de fertilité ?
Pour moi, l’infertilité n’est pas une maladie, mais une altération de la fonction physiologique qu’est la capacité à mettre au monde un enfant.. Elle peut avoir deux causes : soit une maladie organique (ovaires, cancer, immunité, etc.), soit une souffrance psychique (maladies, stress, anxiété). Le point de départ de l’infertilité est forcément un blocage physique ou/et psychique. L’intérêt de l’hypnose est d’entrer en contact avec l’inconscient et donc avec le corps afin d’identifier ce blocage et le faire tomber. Selon moi, notre fertilité se structure depuis le moment précédant notre propre conception. L’être humain grandit dans le ventre maternel et ensuite dans un environnement extérieur. Tout ce qu’il ressent et pense laisse des traces dans ces cellules. Aujourd’hui nous savons que nos tissus renferment les souvenirs de toutes nos expériences physiques mais aussi émotionnelles. Pour être fertile, il faut avoir vécu des expériences positives liées à la procréation, dans sa vie utérine, dans son enfance, dans sa jeunesse. Si notre mère n‘a été que malheureuse pendant sa grossesse et nous a rejetés durant tout ce temps, il y a de fortes chances pour que nous ne voyons aucun sens à nous reproduire. C‘est un exemple très simplifié. Pendant une grossesse non désirée, le bébé se construit des croyances au sujet de son existence, au sujet de sa valeur en tant qu’être humain. De là, à la question de l’intérêt d’avoir des enfants que l’adulte se posera, le chemin n’est pas long. L’inconscient créé toute sorte de projections pour nous protéger des souffrances imaginées. Ce qu’il faut savoir c’est que l’infertilité, comme toutes les problématiques de santé, constitue une expression du corps. C‘est une réaction physiologique à quelque chose de douloureux qui a précédé et une conséquence des croyances négatives. C’est donc aussi parfois une protection devant un danger imaginaire, même si cela parait étrange. Dans cette optique, la mise en relation avec l’inconscient peut s’avérer salutaire.
J’ai suivi une jeune femme de 40 ans pendant plus d’un an. Elle souffrait d’une insuffisance ovarienne et devait avoir recours au don d’ovocytes. Malgré plusieurs tentatives, elle n’arrivait toujours pas à tomber enceinte. C’est à ce moment là, qu’elle s’est rendu compte qu’il y avait un lien avec sa vie foetale. En effet, sa mère avait fait quelques tentatives d’avortement tant elle était désespérée de porter l’enfant d’un homme qui l’a abandonnée à l’âge de 17 ans. Ma cliente a développé une croyance négative à ce sujet : se sentant en danger de mort permanent, elle ne voyait aucun intérêt de donner la vie. Elle a décidé d’en reparler avec sa mère et le résultat a dépassé ses espérances. Cette dernière s’est tout simplement mise en colère en lui disant « Oui, je voulais faire passer l’enfant, mais je ne savais pas que c’était toi! » Rien que le fait de prendre conscience qu’elle était aimée et qu’elle avait de la valeur pour sa mère a changé son histoire. Aujourd’hui elle est la mère d’un petit garçon. L’hypnose permet de couper les liens négatifs avec les événements.

Effectuez-vous un suivi sur les deux partenaires ou unniquement sur le  partenaire concerné par les problèmes de fertilité ?

L’infertilité est une question de couple. Ce n‘est pas parce que les examens révèlent une problématique chez l’un des partenaires que l’on doit le considérer comme infertile. La conception est une union de deux cellules, de deux corps et et de deux états émotionnels. C‘est pourquoi, s’il s’agit d’une personne en couple, je demande souvent à voir l’autre partenaire au moins une fois. S’il s’agit d’une femme célibataire, l’approche est différente.

L'hypnose peut-elle suffire à elle seule ou nécessite-t-elle d'être complétée par une ou plusieurs autre(s) pratiques, naturelles ou non ? Si c'est le cas, lesquelles ?

Comme je le soulignais, l’hypnose n’est qu’une des techniques que j’utilise. Parfois elle se suffit à elle-même, cela dépend de la problématique. Mais, je travaille fréquemment en binôme avec des psychologues, ostéopathes et médecins généralistes ainsi que des gynécologues évidemment. Certains cas demandent d’autres approches comme l’acupuncture par exemple.
Toutes les techniques sont complémentaires.

Comment sait-on si l'hypnose fonctionne sur une personne et au bout de combien de temps ? Et dans le cas contraire ? 

Une personne qui souhaite un changement dans son histoire, sait comment ce changement devrait apparaître dans sa vie. Elle connait les signes. Je m’explique: si une femme me dit: « Je souhaite faire la paix avec mon infertilité, je veux l’accepter », elle sait que le premier signe de cette acceptation sera de pouvoir regarder les femmes enceintes sans jalousie ni dégoût. Par conséquent, au moment où voir une femme enceinte ne la rend plus malade, elle sait qu’un changement s’est opéré. En pratique, si au bout de 4 ou 5 séances rien ne se passe, je peux changer d’approche ou proposer de voir un confrère. J’estime que j’ai aussi mes limites.

En cas d'échec du suivi, que faites-vous ?

Je suis gênée par le mot échec. Pour moi, il n’existe pas. Ce qui existe, en revanche, c’est une approche inappropriée. Lorsque j’aperçois des problématiques lourdes qui ne sont pas de mon ressort, j’oriente la personne vers un médecin ou un psychologue. On peut alors continuer à deux ou pas.

Que dites-vous à  ceux et celes qui ne croient pas vraiment à l'hypnose ?

Que, sans le savoir ils sont dans un état hypnotique tous les jours toutes les 30 minutes environ. On le vit tous les jours quand on conduit dans les rues qu’on connait ou devant un film, c’est un état qui s’appelle hyper-concentration. L’inconscient est un réservoir de millions et de millions de ressources. Mais je comprends que l’on ne s’autorise pas à aller vers lui pour travailler sur soi. C’est une pratique extraordinaire mais pas obligatoire, il y a plein d’autres disciplines.

Lien vers le site de Lidia  Stankiewicz  :  http://lidiastankiewicz.com/

Article publié par l'association de lutte contre l'infertilité "Les Cigognes de l'Espoir" Tous droits réservés