Bonjour Antony,
très touchée également par ton témoignage, et ton implication.
De notre côté, le chemin s'est également fait "au fur et à mesure". Chaque étape est un pas à franchir, qu'on ne se serait pas imaginé franchir quand on se retourne... Avoir un enfant, c'est censé être simple, non ? bah non, pas pour nous...
Je suis passée par toutes les phases dont tu parles, je vais te les relater avec ce qui s'est passé dans ma tête, peut-être que tu feras un parallèle avec ce qui se passe pour vous, et ta douce.
1) déjà ce moment où on te fait entrer dans le parcours PMA. Moi c'était suite à un RV avec ma gynéco "de ville"... je me souviens très bien avoir éclatée en sanglots devant la secrétaire en payant ma consult ! Et puis tu te relèves, et tu te dis c'est la meilleure chance pour toi et ta moitié.
2) Alors tu t'enquilles dans ce chemin de la PMA. Tu es confiant et plein d'espoir, finalement les piqûres c'est pas si contraignant. Tu ne comprends pas trop que certains saturent, ou trouve ça dur. De toute façon pour toi, ça va être un coup et ça va marcher.
Mais ça ne marche pas comme tu voudrais, t'as 5 pauvres ovocytes, 4 fécondés, et que deux au bout qu'on te transfère. Et ça ne prend pas.
Allez, c'était le 1er coup, c'est pas grave ! on rempile. Résultats bof, 4 ovocytes. Mais bon, comme dit le doc un seul suffit, hein ! tu attends que le labo t'appelle pour caler le transfert. sauf que le labo t'appelle pour te dire que les ovocytes étaient de trop mauvaises qualité et que ils ne peuvent et même pas les féconder. Un choc contre un mur auquel je ne m'étais absolument pas préparé.
Là tu commences à te dire que ça va être plus compliqué de prévu...
Je résume : 5 cycles de stimulation, 11 embryons réimplantés, et que du négatif. De la méga warrior du début, je faiblissais à chaque avancée, battante, mais ça coute de se relever. Et l'énergie que tu mets à combler les trous pour te relever, bah l'air de rien le sol, il devient un peu mouvant... de "bon finalement c'est pas très contraignant le traitement", ça a vrillé à ne plus pouvoir voir une piqûre en photo...
bon...
3) alors à un moment le doc nous a préparé pour qu'on réfléchisse à d'autres solutions.
La FIV Don d'ovocytes. Au début du parcours, tu ne penses même pas que tu auras besoin de te poser ces questions là. Je suis chercheuse en biologie, alors encore plus pour moi, un enfant c'est "la moitié de l'un, la moitié de l'autre". On mélange nos chromosomes et on voit ce que ça donne ! Magique ! cette composante génétique était importante pour moi. Je lui ai dit.
Mon doc m'a posé une question essentielle qui m'a fait basculé ça, il m'a demandé "si ça n'était pas vous qui aviez un soucis, mais votre mari, et vous deviez avoir recours à un don de spermatozoïdes, cela vous poserait-il un problème". Et là, hyper spontanément, la réponse a été "non".... ça a été un pas important, car cela m'a permis de me rendre compte que au delà de ce truc génétique, c'était ma propre culpabilité à "ne pas être apte" qui était en cause. J'y ai beaucoup réfléchi. On est dur avec soi, ta femme dit qu'elle est un incubateur cassé. Moi que j'avais des ovaires moisis, que j'étais "même pas capable" d'avoir un enfant, j'en passe et des meilleures (si tu evux un enfant, trouve toi une autre femme, moi je suis moisie de dedans etc etc,

)
Et j'ai réfléchi que cet enfant je le porterai, et on l'élèvera tous les deux, on le fera pousser, avec nos valeurs, et surtout surtout surtout, notre amour.... et c'est ça, finalement, avoir un enfant, non ?
4) alors c’est plus compliqué aussi que ça, parfois : parlons de l'adoption. Ha ! l'adoption ! on peut aussi élever et faire pousser un enfant adopté avec de l'amour, non ? bah non, pas si simple. Pour nous l'adoption n'est pas qq chose que nous avons envisagé. Et on a été raccord là dessus. 1ere cause (commune) : le parcours du combattant, et notre âge déjà avancé pour se lancer là dedans, pas l'énergie...
Et pour moi (comme pour ta femme apparemment) : je pense (je suis certaine, en fait) que j'ai besoin de porter cet enfant. j'ai fait chemin du renoncement génétique finalement assez facilement, mais je ne suis pas certaine que je me sentirais mère si je ne porte pas cet enfant...
c'est personnel comme vision, mais pour moi, c'est ça.
5) alors maintenant après 3 essais de FIV DO à Zlin, notre prochain (et peut être dernier) essai sera une FIV double don, car côté spermato c'est pas non plus la panacée. Chéri a fait le chemin de lui même, c'est lui qui a proposé. Il dit que ça ne lui cause pas soucis, mais à côté de ça ne souhaite pas qu'on communique sur ça auprès de nos amis et famille... je respecte, il a fait le pas, mais c'est une renoncement qq part, et il n'est pas prêt à l'assumer totalement. Mais ça ne pose pas de soucis. c'est notre bébé futur, pas celui des autres. Il va à son rythme, quand il sera prêt il communiquera.Ou pas.
Donc voilà notre parcours, avec nos doutes, nos renoncements, nos espoirs nouveaux. Il ne faut pas qu'elle hésite à aller voir qq1 pour en discuter. quoiqu'il en soit continuez à être soudés, et à parler entre vous. Et à vous laisser du temps pour digérer les choses.
Quand je me retourne sur les 7 années qui viennent de s'écouler je me dis que je n'aurais jamais pensé qu'on passerait par tout ça, c'est impossible de se l'imaginer ! mais c'est des réflexions et des changements qui te poussent à répondre à une simple et merveilleuse question : finalement, c'est quoi, être parent ? pourquoi tu veux un enfant ? que recherches-tu ? et qu'est ce qui est réellement important ?
Et parenthèse, on a de supers amis qui sont passé par la case FIV à rennes vers votre âge. Ils ont deux filles magnifiques, à chaque fois, positif du 1er coup....

Gardez espoir surtout !
Bonne continuation à vous