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« le: 07 mars 2014 à 19:00:45 »
Bonjour à toutes, et à toi Renaissance.
Je trouve ton post très intéressant et je vais t'apporter mon témoignage. En 2010, j'étais enceinte de 5 mois et demi quand j'ai fait une péritonite à cause de ma maladie de Crohn. J'ai été opérée le jour même et une semaine plus tard, j'ai accouché de ma fille qui est décédée 22 minutes plus tard. Mes parents étaient là, ils ont vu ma fille et ça a été le moment le plus difficile de ma vie car je suis restée à l'hôpital 6 mois avec beaucoup de complications en plus du deuil à faire.
En 2012, j'ai vu mon gynéco pour envisager une nouvelle grossesse. J'ai passé beaucoup d'examens et là, le verdict: les 2 trompes totalement bouchées et une insuffisance ovarienne. Nous avons commencé par des fiv avec nos gamètes, mon compagnon n'ayant aucun "problème". 5 tentatives, une seule ponction, 3 embryons qui n'ont pas tenu.
En septembre, je commence à penser au don d'ovocytes et je me renseigne. Premier point important par rapport à tes questionnements: renoncer à mes gènes, est-ce que je peux? Cette question est vite balayée de mon côté. Porter un enfant, lui donner la vie, l'éduquer, pour moi ça ne fait pas de différence.
2) le plus gros problème psychologique s'est posé ailleurs: très amoureuse de mon compagnon depuis des années, le don d'ovocytes me permettait d'avoir un bébé, certes mais il ne serait pas le mélange de nous deux, le "fruit" de notre amour. Ce n'était pas pour moi une raison pour renoncer mais un deuil à faire, c'est sûr.
3) La Famille!!! J'ai la chance d'avoir une famille formidable, décomposée, recomposée, des frères et soeurs adorables, des parents très ouverts. Cependant, lorsque j'ai parlé du don avec eux, ils m'ont tous posé la même question : puisque ce ne sont pas tes gènes, pourquoi n'adoptes-tu pas? Vaste question, réponse courte: parce que je veux porter mon enfant.
A ce moment là, j'ai eu de la chance, Les cigognes de l'espoir organisait une réunion d'information à Paris avec l'équipe de Sanus. J'y ai emmené ma mère. Nous avons discuté avec d'autres femmes dans ma situation, dans la même démarche, rencontré le Dr "Magic" Silhan et fait la connaissance de Anne, Philippe et leur petite Charlotte. Pour ma mère, ça a été une révélation! Elle était emballée et moi conquise par l'idée.
Sur ce coup là, elle m'a été précieuse car elle a raconté ce qu'elle avait vu et entendu au reste de la famille, combien elle avait trouvé que l'équipe semblait sérieuse (compte tenu de mon passif médical, mes parents angoissaient à l'idée que je parte en Tchéquie dans une clinique dont ils ne savaient rien).
4) L'enfant: lui dire, ça ne faisait aucun doute. J'espérais qu'en lui racontant son histoire, il ferait bien la différence entre la donneuse et moi, sa mère. Pour moi, la Tchéquie, ce n'est pas son histoire, c'est une part de ses gènes. Son histoire, c'est celle de mes parents qui m'ont donné la vie, c'est ma rencontre avec l'homme que j'aime, c'est ce désir profond d'avoir un enfant et particulièrement un enfant de lui. Sans tout cela, cet enfant n'existerait pas donc son histoire c'est avant tout la mienne. Par ailleurs, mon père n'a jamais connu son père biologique, il ne sait pas qui il est mais il a été choyé par l'homme qui a épousé ma grand-mère, l'a adopté et lui a transmis son nom donc, pour en avoir beaucoup parlé avec lui, je sais qu'il n'en pas souffert finalement et que de ne pas connaître son origine génétique ne l'affecte pas plus que cela.
5) L'ANGOISSE: je la mets au singulier parce que pour moi, il n'y en avait qu'une: celle de l'échec. Que ça ne fonctionne pas, que mon dernier espoir de devenir maman s'envole. Je ne supportais pas cette idée, cette peur, je l'ai eue chevillée au corps jusqu'au bout.
Conclusion: en avril, nous sommes allés à Sanus où nous avons obtenus 4 embryons de très bonne qualité. 2 m'ont été transférés, 2 autres vitrifiés. Un test positif mais une fc précoce 5 semaines plus tard. En juillet, transfert des 2 vitrifiés, ma fille arrive le 25 mars, dans 18 jours. Je pense n'avoir jamais connu un tel bonheur de toute ma vie.
Ma famille, mes amis, mes collègues, mes voisins, tous savent pour la PMA, pour le don. J'en parle à tous. Je me dis que peut-être en en parlant ouvertement, sans tabou, une femme, un jour entendra ici dans le quartier ou par une amie qui a entendu cette histoire, qu'il y a des choses incroyables qui peuvent arriver comme de porter un enfant même quand on est stérile.
Le dernier mot, le plus beau, c'est celui de ma maman. Mes parents sont venus à l'écho morpho des 5 mois. La gynéco est passée quelques secondes en 3D, nous l'avons découverte à cet instant, elle bougeait et ma maman s'est exclamée: " c'est merveilleux, et on l'aime déjà, hein? en se tournant vers mon papa. Ce dernier, silencieux a acquiescé les larmes aux yeux. Pour eux, il n'y a pas de doute, ma fille est LEUR petite-fille au même titre que leurs autres petits enfants "biologiques".
Je souhaite à toutes les femmes du forum de connaître cette joie et je félicite encore une fois toutes les jeunes maman de 2013 et 2014.
Renaissance, je te souhaite évidemment bonne chance à l'aube de cette tentative. Et je pense comme beaucoup d'autres, ici, qu'une fois que bébé s'est niché au creux de ton ventre, c'est le bonheur qui prédomine plus que tout autre sentiment.
Je vous embrasse, bonne chance à toutes.