Bonjour,
Nous souhaitons partager avec vous l'expérience que nous avons vécue dernièrement, peut-être pour éviter que d'autres personnes y soient confrontées sans être informées.
Pour nous, c'est un peu difficile à dire sur ce forum, cela fait aussi partie de la PMA et des questions auxquelles chacun peut être confronté, et auxquelles il fait bon réfléchir avant de se trouver dans la situation, autant que cela se peut.
Nous espérons ne heurter personne, nous ne voulons pas cela.
Nous avons fait plusieurs tentatives sans succès, et n'avons jamais eu d'embryon congelé. Il y avait pourtant eu 2 embryons en plus des deux transférés au 2ème essai! Nous nous sommes interrogés alors, pour le 3ème essai, de la pertinence du transfert de trois embryons quand la vitrification n'est pas possible, et avons questionné les médecins: en France, après le dernier contrôle de l'endomètre, juste avant le départ, le gynécologue m'a dit que c'était une possibilité, et qu'au vu de mon âge, de mon endomètre, etc…, je pouvais transférer trois embryons sans prendre trop de risques. Arrivés à la clinique, le jour de la ponction, à notre premier RDV, nous avons rapidement évoqué cette question: ne valait-il mieux pas transférer trois embryons, augmenter nos chances de réussite, plutôt que de jeter des embryons qui de toute façon ne seraient pas vitrifiés pour un transfert futur? C'est là que le médecin a évoqué avec nous la question fondamentale selon lui, qui n'était pas de savoir si nous aurions ainsi plus de chances d'obtenir une grossesse, mais qui était de savoir ce que nous ferions si les trois embryons se développaient. C'est alors que nous avons entendu parler pour la première fois de la réduction embryonnaire. Après contrôle échographique, il a admis, comme le gynécologue français, que les conditions physiques n'étaient sans doute pas les plus favorables à une nidation; c'est comme cela que nous avons entendu que cela pourrait être envisagé pour nous. Il a été décidé de se revoir en fin de semaine, la veille du jour prévu pour le transfert. Au vu du développement des embryons, et de la possibilité de congeler ceux qui étaient en surnombre, nous avons décidé, d'un commun accord, que seraient transférés trois embryons si la qualité de l'un d'entre eux ne permettait pas sa cryoconservation, ou deux embryons si les autres restants semblaient congelables.
Trois embryons ont été transférés le lendemain, et nous avons passé deux semaines à attendre. Le test sanguin a montré un fort taux de BHcg, ce qui nous a inquiété chacun: que se passsait-il? grossesse môlaire? pathologie grave? Tout était imaginable… le taux n'est pas lié au nombre d'embryons installés, avons-nous lu de nombreuses fois, mais forcément, la question était déjà là… Seule l'échographie pourrait nous dire… mais il fallait attendre qu'elle puisse "voir" quelque chose… Nouvelle attente, donc. Puis, enfin, la découverte, et là… trois embryons, trois sacs, et presque certainement trois activités cardiaques. Quelques jours plus tard, des saignements, arrivée aux urgences, échographie: toujours trois embryons, les saignements diminuent, pas de fausse couche en cours d'après l'interne, et d'après le contrôle suivant, elle aura raison: ils sont là et bien là, nos trois embryons. Une grande poche de sang les entoure et s'immisce entre deux d'entre eux: repos pour éviter toute complication. Les jours passent. Nous devons nous-mêmes questionner le gynécologue français sur la réduction embryonnaire: il ne nous en parlera pas de lui-même, mais il nous fait comprendre que cela lui paraît être ce qu'il faut faire. Il nous envoie chez un autre médecin qui pratiquerait l'intervention. De toute façon, nous savons que rien ne se fera sur l'hématome présent: les risques de FC totale sont trop élevés. Nous attendons donc encore… Nous consultons nombre de médecins, nous cherchons les réponses à nos interrogations: quels sont les risques d'une grossesse triple? les risques d'une réduction embryonnaire? les risques de la prématurité? les risques de pathologies de la grossesse? Nous prenons contact avec des familles de triplés, avec des médecins célèbres, téléphonons au médecin de la clinique… Et un jour, l'hématome n'est plus là, il n'est plus visible, il s'est totalement résorbé! Nous voilà devant la décision à prendre: nous avons l'échographie du 1er trimestre la semaine suivante, et nous savons qu'il ne faut pas attendre plus longtemps après pour faire la réduction si tel est notre choix: les risques ne font que croître avec le temps, et nous avons toujours le désir d'avoir des enfants, et nous en avons assez d'attendre depuis si longtemps déjà, nous sommes fatigués de ces échecs, de ces espoirs perdus, de ces inquiétudes… L'échographie est parfaite: nos trois embryons se sont développés harmonieusement, ils sont bien formés, leur clarté nucale est parfaite, leur développement le plus normal; aucun des trois n'est en souffrance. Cela ne nous donnera pas d'indication pour prendre notre décision.
Finalement, après avoir consulté nombre de médecins, nous nous retrouvons confrontés à devoir décider si nous nous lançons dans cette aventure triple ou si nous nous orientons vers une grossesse double. Les données médicales ne sont pas significatives dans ce genre de problématique, nous avons opté pour une réduction embryonnaire. Aujourd'hui, les deux fœtus vont bien, les risques s'éloignent petit à petit au fil du temps qui passe. Nous sommes embarqués dans une aventure avec nos deux futurs bébés, nous espérons que tout se passera bien pour eux, et que nous saurons les accueillir dans notre petit monde avec douceur. Voilà où nous en sommes aujourd'hui, nous espérons n'avoir choqué personne ici, cela a été très complexe, très difficile pour nous de prendre cette décision, nous souhaitons que cela n'arrive pas trop à d'autres personnes (même si c'est parfois inévitable). Merci d'accepter ce témoignage.
À bientôt!
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